Fable dédiée à la jeunesse africaine, celle disparue en mer et celle qui s’insurge sur le continent, le film "Atlantique" de la Sénégalaise vient de décrocher le Grand Prix au festival de Cannes.
C’est une consécration qui permet au cinéma du Continent de relever la tête. Pour la réalisatrice sénégalaise, la lignée artistique parle d’elle-même.
Une histoire aux dimensions multiples
Cette héroïne dont elle raconte l’histoire, c’est Ada (Mama Sané), dans une banlieue populaire de Dakar, amoureuse de Souleiman (Ibrahima Traoré), ouvrier sur un chantier et sans salaire depuis des mois.
Le jour où Souleiman décide de quitter le pays par la mer pour chercher un avenir meilleur en Europe, la vie d’Ada bascule.
Plongée dans une attente angoissante, la jeune fille, qui doit épouser un autre homme, se retrouve au bout de quelques jours au cœur de phénomènes étranges : un incendie a lieu pendant sa fête de mariage et des fièvres inexpliquées frappent les filles du quartier, tandis que certains affirment avoir vu Souleiman.
Histoire d’exil et de fantômes à l’esthétique soignée, teintée de fantastique et de poésie et portée par une musique sombre, "Atlantique" est « un film sur la hantise, l’envoûtement, et sur l’idée que les fantômes prennent naissance en nous », souligne la réalisatrice, admiratrice du cinéma onirique du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul.
Le film, dont les acteurs ont été trouvés par casting sauvage, parle aussi de la jeunesse sénégalaise qui s’était soulevée en 2011-2012 avec le mouvement Y’en a marre.
« J’ai eu envie que mon film porte ces deux dynamiques à la fois, que soient évoquées cette jeunesse disparue en mer et aussi celle qui s’insurge, mais à travers le parcours d’une jeune femme » qui « s’éveille à une nouvelle dimension d’elle-même » et s’émancipe, souligne la réalisatrice. Une envie que ce Grand Prix décroché au Festival de Cannes a entièrement satisfaite.
Regardez la bande d'annonce d'"Antlantique"
L.frii