La destination Sénégal se relance. Le Quotidien du Tourisme et son partenaire i-tourisme viennent de publier une série d’articles afin d’informer les agences et les tour-opérateurs des récentes actions entreprises en faveur du redéploiement du secteur du tourisme dans ce pays. Nous avons interviewé le nouveau ministre du Tourisme et des Transports aériens du Sénégal, Alioune Sarr, à l’occasion de sa visite officielle au salon du Bourget.
Quels sont les moyens que vous comptez mettre en œuvre en France pour informer les voyageurs de tous les efforts entrepris par le Sénégal ?
Avec 47,5% de part de marché, la France est le premier pays émetteur de touristes au Sénégal. La présence de groupes comme Le Club Méditerranée et Accor font d’elle également le premier investisseur étranger dans le tourisme sénégalais. Le Sénégal est programmé et vendu par 47 TO en France. En termes de volume de clients, le Sénégal fait partie des destinations dites long-courrier qui enregistre 22% de part de marché des ventes opérées par les entreprises.
Nous comptons consolider cet acquis pour attirer plus de clients français en développant nos ventes, à travers une offre diversifiée sur tous les segments de marché, du tourisme de masse au segment haut de gamme.
De quelle manière ?
Nous comptons établir des partenariats solides et développer une franche collaboration avec les tour-opérateurs, les agences de voyages et autres prestataires de services. L’objectif consiste à repositionner le Sénégal sur le marché touristique mondial afin de placer le client au cœur de notre stratégie d’intervention en lui offrant des services à forte valeur ajoutée. Cela passe par une excellente compréhension de la demande française dans le but d’identifier les segments porteurs comme les marchés de niche sur lesquels le Sénégal peut se positionner et offrir des produits en parfaite adéquation avec la demande.
Pas si facile !
Bien entendu nous devons moderniser et diversifier notre offre touristique à travers des investissements dans l’hôtellerie, l’aménagement de sites touristiques, l’amélioration du contenu de notre offre et sa digitalisation. Mais j’insiste sur notre volonté de promouvoir la destination Sénégal à travers nos partenaires : C’est le passage obligé pour améliorer la visibilité du pays et augmenter notre capacité à générer des flux touristiques sur toute l’année.
Vous évoquez la digitalisation. Ce sera un axe essentiel pour la reprise ?
Nous allons exploiter les opportunités qu’offre la 4e révolution industrielle pour justement faire connaitre la destination et susciter un intérêt réel à venir visiter le Sénégal. Nous avons entrepris, avec les acteurs de l’écosystème numérique, de travailler ensemble pour inviter les startups sénégalaises à nous accompagner dans la digitalisation de l’offre touristique, à travers la fourniture de solutions innovantes qui améliorent la compétitivité de notre pays.
Quels seront vos pivots de communication ?
Il sera question de redéfinir, en fonction de notre stratégie, la marque Destination Sénégal et de l’associer aux valeurs que nous voulons promouvoir auprès de nos cibles. Ce travail sera aligné sur la définition de notre stratégie sectorielle et devrait être finalisé au cours du dernier trimestre de l’année. Nous travaillons déjà sur la création d’un portail unique Destination Sénégal pour rendre visible la destination et fournir aux touristes toutes les informations utiles pour préparer leurs voyages. Ce portail va centraliser les différentes solutions digitales qui concourent à la promotion de la destination, à l’amélioration de l’expérience visiteur et à la qualité des services. Je n’oublie pas les TO et les agences de voyages puisque la promotion se fera également avec eux.
Qu’en est-il de votre brochure de vente et de son actualisation ?
La réactualisation du manuel de vente est prévue dans le programme d’activités du Bureau du tourisme. Il s’agit d’un engagement pris lors du workshop du 18 mars 2019 devant les TO et la presse professionnelle, que j’entends respecter. Le travail d’actualisation du manuel est prévu sur une durée d’un mois et demi. Ce support doit être mis en ligne à la rentrée et être utilisé pour la formation des réseaux de vente à partir du salon IFTM Top Resa. Il sera aligné sur les nouvelles orientations stratégiques du département pour nous permettre d’attirer les différents segments de clients que nous ciblons et qui pourront bénéficier de la diversité de l’offre touristique sénégalaise.
Combien de campements village seront opérationnels fin de l’année ?
Lors du voyage de presse que nous avons programmé, les journalistes ont pu visiter des campements villageois. Ce type d’hébergement, spécificité de la Casamance, a été créé dans les années 1970 en vue de lutter contre l’exode rural. Dans sa politique de développement touristique, l’Etat du Sénégal s’est engagé dans la relance de ce segment de produit pour contribuer fortement à la lutte contre la pauvreté mais également au développement des localités d’implantation de ces campements villageois. C’est ainsi que le Ministère du Tourisme et des Transports Aériens a fait bénéficier à sept campements sur neuf en exploitation, un financement du Crédit hôtelier et touristique, à hauteur de 30000 euros par établissement.
Quand les agences et TO pourront commencer à programmer ce type de tourisme ?
Les neuf campements fonctionnels auront dans les jours à venir un accompagnement en équipement de chambre, matériels électroménagers et vaisselles en vue de rehausser la qualité de leur service. Compte tenu de tous ces efforts et du suivi assuré par nos services déconcentrés, je vous informe qu’au mois d’octobre prochain, coïncidant avec l’ouverture de la saison touristique au Sénégal, tous ces campements villageois seront opérationnels avec un service de qualité respectant les normes standards de gestion d’une clientèle.
En Casamance ?
Pas seulement : ce projet d’accompagnement est élargi aux campements communautaires des régions de Saint-Louis, Tambacounda, Kédougou et Fatick. Dix bénéficieront d’équipement de chambre, matériels électroménagers et vaisselles dont deux à Saint-Louis, deux à Fatick, trois à Tambacounda et trois à Kédougou. Sur les dix campements, deux à Saint- Louis et deux à Tambacounda ont bénéficié chacun de 20 000 000 FCFA du Crédit hôtelier et touristique.
Vous êtes le nouveau ministre du tourisme du Sénégal et vous occupez aussi celui du transport. Pourquoi ce cumul ?
Le développement du tourisme ne peut pas prendre son essor sans un accompagnement concerté avec l’aérien. Tous les TO que je viens de rencontrer lors de mon séjour en France partagent ce point de vue. Les investissements d’Air Sénégal et sa politique commerciale doivent se faire en cohérence avec le secteur du tourisme. Par exemple, la compagnie sera au cœur de cette stratégie d’intervention, pour assurer la connectivité internationale et intérieure.
Les professionnels du tourisme attendent beaucoup de la nouvelle compagnie aérienne Air Sénégal. Qu’en est-il de votre politique tarifaire d’Air Sénégal qui n’a pas, semble-t-il, créé l’aspiration attendue, la différence avec les prix d’Air France n’étant pas assez probante.
Ceci est une question importante. Le DG d’air Sénégal en a pris toute la mesure et effectivement annoncé une baisse significative des tarifs de la compagnie. Maintenant j’invite nos compatriotes à en profiter et surtout à s’y prendre suffisamment à l’avance pour bénéficier des meilleurs tarifs.
Et pour les correspondances d’horaire en direction de la Casamance pour les touristes venant de Paris ?
Air Sénégal et Transair offrent aujourd’hui entre 2 et 4 vols par jour vers Ziguinchor. Ce qui porte le niveau de desserte de la Casamance à un niveau jamais atteint avec des prix historiquement bas. Nous incitons l’ensemble des compagnies aériennes à prévoir des vols pouvant arriver suffisamment tôt dans la journée pour avoir une continuation sur l’intérieur du pays. Je suis convaincu qu’Air Sénégal a étudié sérieusement la question.
Pensez-vous, à terme, pouvoir rouvrir le slot à partir d’Orly ?
Vous me permettrez de ne pas parler de la stratégie future de notre compagnie nationale. Nous sommes dans un environnement très concurrentiel. Nous sommes en phase de consolidation et j’invite tous les professionnels à communiquer pour, accompagner et utiliser les services de la compagnie pour assurer son succès et préparer l’avenir sous les meilleurs hospices.
Comment se présente la situation ?
Jusque-là, Air Sénégal a tenu toutes ses promesses. Certains disaient que la compagnie n’allait jamais démarrer, elle a commencé ses vols en Avril 2018. Certains disaient qu’elle n’allait jamais être prête pour remplacer Corsair, elle a commencé ses vols le premier Février 2019. Oui notre compagnie respecte ses engagements. En revanche, la comparaison avec les compagnies anciennes n’est pas encore possible du fait que la majorité des voyageurs réservent leurs billets plusieurs mois à l’avance. Dans tous les cas, en venant sur Paris, j’ai été heureux de voyager dans le fantastique avion Air Sénégal avec 242 passagers soit environ 85%.
Rémi Bain-Thouverez | quotidiendutourisme.com