DR ADAMA NDIAYE : « La relance passe par le renforcement de l’offre touristique locale »

Enseignant-chercheur et directeur de l’Unité de formation et de recherche (Ufr) Tourisme, hôtellerie et gastronomie de l’Université Sine Saloum, Dr Adama Ndiaye se réjouit des mesures annoncées par le chef de l’Etat. Toutefois, il appelle à miser sur la promotion de l’offre touristique locale afin de rendre le secteur plus compétitif et attractif.


L’Etat a décidé d’ériger le tourisme en priorité dans le plan de relance de l’économie nationale. Quelle est votre analyse de cette mesure ?

Nous saluons les mesures annoncées par le chef de l’Etat relatives à l’érection, en priorité, du tourisme dans la relance de l’économie nationale et l’élaboration d’une stratégie visant à promouvoir la destination Sénégal. Maillon très important dans l’économie nationale, le tourisme est l’un des secteurs les plus affectés par la pandémie. Longtemps, nous avons demandé à ce qu’un plan spécial soit développé pour l’activité touristique afin d’améliorer les produits de ce secteur. Bien que beaucoup d’initiatives aient été prises en passant par la Stratégie de croissance accélérée jusqu’au Pse touristique, le résultat est toujours sapé par les crises cycliques partant des tensions électorales de 2012 à la crise sanitaire d’Ebola en 2014, l’instauration puis la suppression de la réciprocité des visas. Cette relance doit être appuyée, non seulement par les acteurs touristiques à la base (les opérateurs), mais également par tous ceux qui tournent autour de l’hôtellerie.

C’est une très bonne mesure que nous saluons à sa juste valeur. Toutefois, nous attendons de voir dans la matérialisation qu’est-ce que cela va donner. Nous sommes dans une crise qui perdure. Elle a eu des conséquences drastiques sur l’activité. C’est un moment où l’on devait bénéficier de beaucoup d’investissements pour pouvoir relooker le produit touristique, développer les infrastructures, améliorer la qualité de l’offre de telle sorte qu’à l’issue, l’on puisse être compétitif. Pour ce faire, on a besoin de l’adhésion des acteurs, mais également des professionnels (hôteliers, secteur informel). Sans le secteur informel, qui est au cœur de l’hôtellerie, la qualité laisse à désirer. Ce sont des accompagnants de qualité qu’il ne faut pas négliger. Il faut redéfinir le produit et retravailler sur l’offre.

Sur quels leviers faudrait-il s’appuyer pour relancer le tourisme ?

Le Sénégal a plusieurs cartes à jouer. Il y a le transport aérien, bien que le secteur reste confronté à la crise sanitaire. Nous pouvons faire du Sénégal un carrefour médical, un secteur qui peut être un filon à explorer. L’esthétique reste un produit phare sur lequel on ne travaille pas beaucoup. Nous devons aussi jouer sur l’attractivité industrielle. Il n’y a pas que la plateforme de Diamniadio.

Avec l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz, on pourrait développer un type d’hôtellerie ouverte sur les affaires pour accueillir des rencontres. Il y a également le tourisme religieux, un secteur qui n’est pas véritablement exploité. Nous avons des cités religieuses comme Tivaouane, Touba, Popenguine qui peuvent être mises en valeur en y développant des types d’hébergement adaptés. L’autre atout, c’est l’écotourisme qui fait son petit bonhomme de chemin, et nous devons l’exploiter. Il y a une augmentation régulière de plus 5 % de cette demande.

À ce titre, il est important de faire revivre la faune et la flore sénégalaise ; les investissements doivent être orientés vers ces secteurs. J’interpelle également la Sapco qui devrait travailler davantage à développer un tourisme intégré qui puisse prendre en compte l’aspect culturel des localités. Il existe le tourisme scientifique qui est nouveau, mais n’est pas encore très développé. Le Sénégal peut être un laboratoire dans ce domaine. Nous avons des paysages du nord au sud, la diversité faunesque et florale. S’y ajoutent les potentialités de la mer avec la plongée marine, la recherche dans les algues et la production halieutique.

La promotion repose également sur des produits de qualité. Le produit sénégalais doit refléter cette qualité puisqu’il est un élément de promotion. En plus, nous devons nous tourner vers l’Asie, les pays arabes… C’est une clientèle qui pourra être captée. Les infrastructures sont aussi un levier de la promotion touristique. Heureusement, nous disposons d’un aéroport un peu décentralisé qui sort des trafics lourds de Dakar. On peut gagner les régions facilement, mais cela ne suffit pas. La fluidité du transport, la qualité du réseau téléphonique sont des facteurs jouant sur l’attractivité. L’Etat doit miser là-dessus.

Quelles stratégies mettre en place pour promouvoir l’offre touristique locale ?

C’est le moment d’appuyer le secteur privé national pour développer un produit touristique qui fait appel aux résidents, aux nationaux. Jusqu’ici, notre hôtellerie n’est pas adaptée à accueillir des familles sénégalaises. Notre produit, du point de vue de la consommation, ne correspond pas aux attentes des nationaux ; de même que le type de logement et d’hébergement.

Il y a une reformulation du produit qu’il faut faire. Dans ce cas, il faut un appui conséquent, structurer le secteur, formaliser les acteurs, renforcer l’existant. Il est important de développer le micro-tourisme. Aujourd’hui, il faut allier le tourisme à tout ce que nous produisons localement. Cela peut être l’artisanat, l’agriculture, l’agrotourisme qui est très important pour le Sénégal. L’idée est comment faire de telle sorte que la production agricole puisse avoir beaucoup plus de plus-value à travers les services touristiques.

On peut citer la transformation de produits locaux, leur labellisation pour pouvoir les exporter. Non sans oublier la dimension formation en tourisme. Nous devons également faire confiance à l’expertise nationale, développer une synergie dans les localités, appuyer davantage les syndicats et offices de tourisme à accomplir leur mission qui est celle de vendre les produits des terroirs.

Abdou DIAW | lesoleil.sn

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